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 Voyage, voyage.....

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elegya
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elegya


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MessageSujet: Voyage, voyage.....   Voyage, voyage..... Icon_minitimeSam 14 Fév - 21:36

VOYAGES PSYCHEDELIQUES

Le pouvoir des plantes hallucinogènes permet-il de laisser l’esprit errer librement dans les fantasmes de notre royaume intérieur ? Ces plantes permettent-elles à ceux qui les ingèrent de pénétrer une autre dimension de la réalité ?

PLANTES HALLUCINOGENES

Dans la forêt amazonienne et dans le bassin de l’Orénoque, en Colombie et en Equateur, pousse une sorte de vigne grimpante au nom savant de Banisteriopsis Caapi. Son écorce, bouillie ou trempée dans l’eau avec d’autres ingrédients naturels, produit la substance hallucinogène la plus consommée dans le monde, le yajé ou ayahuasca, « vin de l’âme ». A fortes doses, il peut effectivement devenir ce qu’un pharmacologue décrit comme la « porte chimique » d’un autre monde. Dans les sociétés tribales, absorber des plantes hallucinogènes n’est pas considéré comme une distraction, un simple « voyage d’agrément ». Ce sont des plantes sacrées, au cœur des traditions et des croyances. Le yajé, en particulier, est très révéré. Ethnobotaniste à l’université de Harvard, Wade Davis a passé plus d’un an en Amazonie à étudier les plantes hallucinogènes, sous l’autorité du professeur Richard Evans Schultes, psychopharmacologue de réputation internationale. Avant son départ, davis a demandé quelques conseils à Schultes. Il m’a dit : « porte toujours ton casque, ne t’encombre pas de bottes car les serpents mordent toujours dans le cou, et ne reviens pas sans avoir essayé le yajé », se souvient Davis.

« Le yajé, c’est tout sauf agréable », dit-il encore. Même pour les plus expérimentés, l’ingestion de ce breuvage est généralement suivie de différents symptômes : vertiges, sueurs, spasmes convulsifs, nausées, vomissements, diarrhées, écoulement nasal, terreur et pulsions agressives. Mais ensuite, l’expérience est extraordinaire. On est transporté dans un royaume merveilleux et sans limites que l’on perçoit aussi clairement que la réalité. Ainsi débarrassé de son enveloppe charnelle, l’être peut se déplacer sans se mouvoir. Il communique avec ses ancêtres, les dieux, les esprits des animaux ou des premiers êtres humains. Il possède toute la connaissance, il comprend l’univers et la place que l’homme y occupe, il dispose de toutes les réponses. Un chaman apprendra ainsi à guérir les malades, il découvrira l’identité d’un criminel, saura retrouver un objet perdu, localisera le gibier ou résoudra un problème qui se pose à la communauté. Il entrapercevra même une partie de l’avenir. S’il le désire, un chaman peut aussi profiter de cet état privilégié pour investir le corps d’un animal ou d’un oiseau.

VOL CHAMANIQUE

Le chaman peut également « voler », au sens figuré, bien que cette expérience subjective soit si forte qu’il puisse véritablement y croire. La sensation de vol sous hallucinogène est un phénomène très ancien commun à de nombreuses cultures. Elle est à l’origine d’une image si puissante qu’on ne l’a toujours pas oubliée : la sorcière sur son balai. Au Moyen Age et pendant la Renaissance, on croyait que les sorcières s’envolaient ainsi pour aller danser et s’accoupler avec les démons. En réalité, elles utilisaient un onguent magique à base de substances telle la belladone, dont elles s’enduisaient le corps. Lorsque le produit entrait en contact avec une plaie, il provoquait des hallucinations et la sorcière « s’envolait ». S’il n’y avait pas de blessures, il fallait alors, pour s’assurer que la substance pénètre bien, l’appliquer intérieurement. Son goût répulsif interdisant l’absorption buccale, il ne restait donc qu’une solution… le balai ! Au fil des siècles, cette image s’est peu à peu édulcorée jusqu’à pouvoir illustrer les livres d’enfants. Cette expérience transcendante n’est pas le privilège exclusif du chaman. Dans certaines communautés, tout le monde boit le yajé à diverses occasions. Ce breuvage est souvent considéré comme un remède puissant pour lutter contre les maux physiques ou moraux. Il confère une agressivité utile au guerrier et, à petite dose, il améliore la vision nocturne du chasseur (cette dernière qualité n’a rien de mystérieux, puisque le yajé dilate la pupille). Les habiles chasseurs de la tribu AMAHUACA attribuent leur sensibilité exacerbée à l’esprit animal qui, sous l’influence du yajé, leur permet d’étudier les mouvements de leur proie. Les TUKANOANS utilisent le yajé pour communiquer avec leurs ancêtres et pour explorer les cieux. Dans son étude sur la tribu KOFAN, Wade Davis écrit : « Le yajé est source de sagesse, c’est l’ultime moyen de connaissance pour la société tout entière. Boire le yajé, c’est apprendre. Il permet d’acquérir le pouvoir et de diriger l’expérience du divin. »

La plupart des expériences vécues sous l’influence du yajé s’expliquent facilement par les croyances traditionnelles et les attentes inconscientes du sujet. Cependant, il reste certains points obscurs. La plupart des hallucinogènes induisent des visions (même si peu sont aussi « réelles » que celles que provoque le yajé), mais leur nature diffère énormément d’une personne à l’autre. Avec le yajé, rien de tel. Même chez les sujets qui ne connaissent pas les traditions d’Amérique du Sud, il provoque des apparitions d’énormes félins et de serpents. Ce phénomène, qui intrigue les psychologues depuis longtemps, reste inexpliqué. Certains prétendent qu’il pourrait s’agir de « peurs primales », de « souvenirs génétiques » ancrés dans les gènes et réactivés par la drogue. Les membres des sociétés chamaniques ont une autre explication : ces images existent bel et bien dans le monde pour lequel le yajé nous offre un passeport… Les artistes locaux dépeignent souvent leurs expériences de la drogue, et leurs visions sont si récurrentes qu’un ethnobotaniste remarque : « Quelqu’un qui regarderait un peintre en plein travail s’exclamerait immédiatement : ‘’ C’est ce qu’on voit après trois verres de yajé ! ‘’» La nature collective de ces visions corrobore un autre effet étrange, qui lui aussi se produit en dehors de tout contexte culturel : après avoir bu le yajé, on peut pénétrer dans la pensée des autres. Les biochimistes qui ont isolé, dans le Banisteriopsis, une substance aujourd’hui appelée harmine, auraient aussi bien pu la baptiser « télépathine ». « On dit que les chamans auraient le pouvoir d’appeler les animaux de la forêt de telle façon que les apprentis puissent les voir, explique Wade Davis. Je n’ai aucun mal à y croire. »

Dans ces circonstances particulières, qu’un individu puisse projeter ses pensées de telle manière qu’un autre les perçoive n’est peut-être pas aussi extraordinaire qu’il y paraît. Les hallucinogènes induisent souvent un certain degré de synesthésie (perception d’une sensation provoquée par la stimulation d’un autre sens ou, en d’autres termes, faculté d’ « entendre » les couleurs, de « goûter » les formes ou de « voir » les sons). Lors des cérémonies du yajé, le chaman chante souvent. Par une sorte de réponse synesthésique, l’assistance peut « voir » ses propos prendre vie. Les psychopharmacologues qui ont étudié la diméthyltryptamine, ou DMT (présente dans d’autres plantes entrant dans la composition du yajé, et qui devient active combinée avec l’harmine), ont souvent évoqué le « langage visuel », cette manière de transmettre pensées, concepts et mots par l’intermédiaire d’images tridimensionnelles. Demandez à Wade Davis de vous décrire sa propre expérience du yajé, il vous montrera aussitôt un exemplaire du manuscrit qu’il a rédigé lors de son voyage en Amazonie. « Je suis désolé, je ne vois aucune autre manière d’évoquer le yajé, dira-t-il en vous présentant sa prose enivrante. Cela n’a rien à voir avec le LSD, que l’on prend de nos jours en guise d’amuse-gueule. Je ne me drogue pas, mais, pour mon travail, j’ai expérimenté plusieurs hallucinogènes d’origine végétale. J’ai toujours trouvé cela intéressant. Avec le yajé, c’est tout autre chose… On entre dans un monde terrifiant. Quand les Indiens parlent d’affronter le Jaguar, ils ne plaisantent pas. »

POUVOIRS MAGIQUES

D’après certaines sources, les premiers hommes croyaient que les plantes et les champignons hallucinogènes étaient des dons divins conférant des pouvoirs magiques. Dans certaines sociétés tribales contemporaines, cette croyance persiste. Terence McKenna, un psychopharmacologue renommé qui n’hésite pas à bousculer les idées établies, a modernisé cette théorie : selon lui, les champignons sont un moyen de communication extraterrestre qui permet aux habitants de la planète Terre d’entrer en contact avec une intelligence supérieure. « Malheureusement, une fois dépouillés de toute rhétorique, les arguments de McKenna se révèlent dépourvus de fondement. » Les hallucinogènes semblent fonctionner commes des catalyseurs capables de stimuler des facultés existant à l’état potentiel dans l’esprit humain. La pratique chamanique, par exemple, ne repose pas exclusivement sur les drogues : les chamans obtiennent parfois l’état mental désiré en jouant d’un instrument. Les rythmes prolongés et répétitifs troublent les circuits du cerveau et provoquent des modifications assez proches de celles causées par les substances psycho-actives. Les adeptes d’autres religions pratiquent la méditation, entrent en transe ou s’isolent en se privant de tout contact sensoriel afin de transcender leur état mental habituel. Nombre des expériences associées à des hallucinogènes peuvent se produire spontanément, sans aucun stimulus extérieur.

CONSCIENCE MODIFIEE

Pour un petit nombre de personnes, la synesthésie est une faculté permanente, une caractéristique innée. Il ne s’agit pourtant pas exclusivement de phénomènes subjectifs. En effet, les impressions sensorielles additionnelles sont les mêmes pour tous les individus. La note si bémol, par exemple, évoque invariablement la couleur verte, tandis que le la dièse est décrit comme jaune. La synesthésie semble héréditaire, mais les chercheurs sont loin de comprendre par quel gène elle se transmet. Elle n’est peut-être pas un don surnaturel ; au contraire, elle ferait partie du potentiel humain. Ainsi, les sujets doués de synesthésie ne seraient pas nés avec une faculté exceptionnelle, mais avec une déficience… Le sommeil conduit lui aussi à des états de conscience modifiée. En entrant dans la phase de sommeil, on atteint un stade hypnagogique, une sorte de no man’ land mental où l’on imagine souvent voir des formes et des dessins géométriques. Ce phénomène, courant sous l’emprise de substances hallucinogènes, est, dans un cas comme dans l’autre, dû à des connections neuroniques anarchiques, résultat naturel d’un dysfonctionnement du cerveau lorsque l’état de conscience s’amenuise. D’autres personnes voient des images flottantes de visages ou entendent leur nom juste avant de s’endormir, d’autres encore perçoivent des bribes de musique, de conversation ou de poésie, et certaines sentent des odeurs, le plus souvent de fleurs ou de nourriture.

RÊVES EVEILLES

C’est également entre le sommeil et la veille, lorsque l’esprit se trouve dans un état peu habituel, que beaucoup prétendent avoir des sortes de prémonitions, des rêves éveillés qui semblent prédire l’avenir. S’il est vrai que les hallucinogènes donnent à la vie l’apparence d’un rêve, les rêves font souvent vivre des expériences similaires : perceptions sensorielles exacerbées, impression de posséder la sagesse, de comprendre l’univers dans sa globalité. On a d’abord pensé que ce phénomène était réservé à ceux qui avaient, à un moment ou un autre, fait usage de drogues psycho-actives ; en d’autres termes, on croyait qu’il s’agissait de souvenirs d’expériences antérieures liées à la drogue. Cependant, certains éprouvent les mêmes sensations sans avoir jamais touché à la drogue. Et ceux qui ont pris des hallucinogènes disent ne voir que peu de différences entre les deux types d’expériences, ce qui renforce l’hypothèse que la drogue n’apporte rien de nouveau, mais qu’elle stimule un potentiel existant. On considère souvent les expériences vécues sous l’influence de la drogue ou en rêve comme « inférieures » à la réalité ; certains estiment au contraire que, ainsi débarrassés de notre mode de pensée rigide, nous trouvons là l’occasion de mettre en œuvre, enfin, des capacités sous-jacente dont nous n’avons encore pas pris la mesure. Certains anthropologues pensent que c’est l’usage des hallucinogènes qui a initié l’humanité aux concepts d’expérience mystique, de spiritualité, de magie, et a ouvert d’autres champs de connaissance. Il n’est pas totalement exclu que la religion elle-même soit née de la rencontre de l’esprit humain et des hallucinogènes.

D’autres sont persuadés que les hallucinogènes ont joué un rôle encore plus grand dans l’histoire de l’humanité. Ainsi Terence McKenna va jusqu’à affirmer que la clé de notre évolution mentale réside peut-être dans l’ouverture d’esprit rendue possible par l’expérience psychédélique…
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